La musique congolaise en deuil : Wendo Kolosoy s'est éteint
Kinshasa | 29 Juillet 2008
Wendo
Kolosoy est décédé lundi à Kinshasa, vers 17h40, aux Cliniques Ngaliema
où il avait été conduit suite à un malaise. Chanteur et auteur de
plusieurs œuvres musicales, des experts en musique lui attribuent la
paternité de la Rumba congolaise, indique radiookapi.net.
L’artiste musicien Wendo Kolosoy est décédé lundi à Kinshasa, vers
17h40, aux Cliniques Ngaliema où il avait été conduit suite à un
malaise. Chanteur et auteur de plusieurs œuvres musicales, des experts
en musique lui attribuent la paternité de la Rumba congolaise, indique
radiookapi.net
Natif
de Mushie en 1925, dans la province de Bandundu, Antoine Kolosoy, c’est
son vrai nom, a débuté sa carrière de chanteur vers les années 40, à
Léopoldville (Kinshasa), dans l’orchestre Victoria Kin. Très vite, il
prit le sobriquet de "Windsor", en référence, sans doute, au Duc de
Windsor. Très rapidement aussi, ce sobriquet se transforma " Wendo Sor
" avant que le " Sor " tombe dans les oubliettes. En 1948, l’artiste
connaît son premier succès avec Marie-Louise, tube sorti en 78 tours et
qui franchit les frontières nationales pour devenir la première œuvre
musicale panafricaine.
La
musique de Wendo Kolosoy est un mélange subtil d'ingrédients aux
couleurs africaines : une rumba chaloupée, des notes de guitare qui
s'égrènent avec une fausse langueur et, surtout, cette voix patinée par
les années.
L’une
des figures de proue de la musique congolaise de tous les temps, Wendo
Kolosoy qui quitte la terre des hommes à 83 ans, a vu jouer au moins
cinq générations. Et au soir de sa carrière, il ne s’est pas empêché de
monter sur le même podium avec Bébé Tshanda, celui-là même que l’on
peut considérer comme l’un de ses arrières arrières petits fils.
Jeannot Bombenga pleure "un père"
«
Wendo fut un père pour moi. Je vivais avec lui, je me promenais avec
lui, et il m’appelait souvent pour qu’on cause, et on mangeait
ensemble. J’ai chanté avec lui ensemble dans la chanson Tokufwa mpo na
Congo. C’est un être cher que j’ai perdu. L’homme comme Wendo fut pour
moi comme un père que je n’oublierai jamais », a témoigné le musicien
Jeannot Bombenga, patron de l’orchestre Vox Africa.
" Très authentique par rapport à Kallé "
Autre
témoignage, c’est celui de Léon Tsambu, sociologue de musique populaire
urbaine. Pour lui, Wendo Kolosoy avait un style particulier par rapport
aux autres virtuoses de la musique congolaise moderne. Wendo est à la
source congolaise moderne et se trouve être le parangon, le modèle de
longévité musicale en RDC, dit-il. Par rapport aux autres grands de
cette musique, tels Kallé Jeef et Rochereau influencés par la musique
cubaine, l’auteur de Marie Louise est resté très authentique et très
traditionnel dans le style de chant, a souligné le sociologue Tsambu.
Par Okapi
L'artiste musicien Wendo Kolosoy est décédé lundi à Kinshasa à l'âge de 83 ans
Kinshasa, 29/07/2008 / Musique
L'artiste
musicien Wendo Kolosoy a rendu l'âme lundi sous le coup de 18 heures 30
à la Clinique Ngaliema où il était interné pour des soins, à l'âge de
83 ans, après 63 ans de carrière, ont annoncé plusieurs journaux parus
lundi à Kinshasa.
C'est dans la morgue de cette même institution médicale que sa
dépouille mortelle est conservée en attendant le programme officiel de
ses funérailles qui sera connu dans les prochaines heures.
Les Kinois ont accueilli cette information dans une très grande
consternation. Cependant certains d'entre eux continuent encore à en
douter dans la mesure où ce n'est pas la première fois que celui qu'on
appelait le patriarche de la musique congolaise est donné pour mort.
Ce musicien qui a passé beaucoup de temps d'éclipse (au moins 20 ans et
même plus) a été “ ressuscité ” à la faveur d'une chanson patriotique
collective composée en 1998 dénonçant l'agression injuste dont la Rdc
était victime de la part de ses voisins et dans laquelle il a été
associé.
Son intervention dans cette oeuvre rappelle les premiers moments de la
musique congolaise moderne avec des chansons anthologiques comme
“ Marie Louise ” (Marie Loyisa) écrit en 1948 et joué avec son ami le
guitariste Henri Bowane.
Ce qui lui a valu des éloges non seulement des jeunes qui ont pu le
découvrir, mais aussi des mélomanes de vieilles générations dont M'zee
Kabila qui lui a gratifié en lui octroyant une jeep.
Héros, Wendo Kolosoy meurt presque le micro dans la bouche puisque
n'eut été la maladie qui l'a terrassée et qui vient de l'emporter, il
n'allait pas abandonner la scène, notamment celui du Centre
Wallonie-Bruxelles qui l'a plusieurs fois honoré surtout ces dernières
années par des concerts.
En dépit du poids de l'âge, il savait émerveiller le public qui en
sortait toujours satisfait. Wendo Kolosoy connaissait lui-même le
secret de son succès car il n'est pas du tout facile de convaincre à la
fois les responsables de ce haut lieu de la culture et aussi le public
qui y prend rendez-vous. Mais hélas il emporte dans sa tombe ce secret.
Seuls peut-être les jeunes qui l'ont plusieurs fois côtoyé ont su
profiter de son expérience et de sa sagesse.
Wendo était aussi dans les grands rendez-vous des musiciens. A titre
d'exemple, il y a un an, alors que des rumeurs circulaient sur sa mort,
on l'a aperçu même s'il était très affaibli et soutenu par un individu,
aux obsèques de Madilu qu'il affectionnait tant parmi les autres
artistes musiciens à qui il ne cessait de prodiguer des conseils.
Par ailleurs, il y a trois ans, il était même question qu'il
entreprenne une tournée aux Usa, mais la détérioration de sa santé ne
lui a pas permis.
Wendo Kolosoy, 62 ans de carrière musicale
Antoine Wendo Kolosoy, ce nom demeuré un refrain, un nom
indélébilement gravé dans les annales de l'histoire de la musique
congolaise moderne. Au mois de novembre 98, le ministère de la Culture
et des Arts s'apprêtait à fêter les 52 ans de sa carrière musicale. En
février 98, il a participé au Marché des Arts et Spectacles Africain,
Masa, et deux mois après, pendant la pentecôte, il s'est produit, grâce
à Monsieur Christian Mousset, au Festival des musiques métisses, dit
festival d'Angoulême en France. Wendo et ses 4 musiciens, Albert Emima,
Vula Missy, Bikunda Nzoku et Ngaila Bikunda, se sont produits en
Belgique et en France. Depuis, il est en tournée. Dernièrement, il est
tombé malade au cours d'une prestation au Musée d'Afrique Centrale de
Tervuren en Belgique, où il se produisait avec l'autre monument vivant
et patrimoine culturel Rochereau Tabu Ley.
Naissance et début en musique
Né en 1925, dans le Mai Ndombe au Bandundu. Antoine Wendo vient de
totaliser 80 ans d'âge et 62 ans de carrière musicale (1943-2005). En
effet, Wendo a caressé le rêve de devenir une grande célébrité musicale
dès sa tendre jeunesse. Ce rêve deviendra réalité lorsqu'il devint
membre de l'écurie Opika, puis Ngoma, des maisons d'édition des disques
phonographiques créées à Léopoldville, dans les années 40 par des
commerçants grecs.
Talentueux, Antoine Wendo n'avait pas attendu longtemps pour être
propulsé au sommet de la gloire. Il gagnera des prix lors des concours
dans la rue pour l'interprétation correcte des chansons populaires.
C'est ce qui lui valut la carrure de musicien. Ses deux premiers
pseudonymes furent “ Wendo alanga nzembo ” et “ Wendo mokonzi ya nzembo
”. Ces pseudonymes résument sa carrière et son idylle.
A 18 ans, Wendo orphelin de mère embrassa la carrière musicale,
toujours avec sa guitare sèche et sa voix limpide, qui étaient ses
seuls atouts. A ce moment où il se lançait dans cette aventure, il
n'avait aucun passé de référence. L'interprète des chansons populaires
d'abord, puis des chansons rumba et quelques leçons pratiques sous
l'œil vigilant des responsables des studios Opika et Ngoma.
Ce fut l'éclosion des talents et la conquête des mélomanes de
l'après-guerre, de l'un des doyens de la musique congolaise moderne, en
raison de son œuvre qui résiste aux épreuves du temps et en face de
nouvelles créations toujours en quête de succès.
Wendo, bien que guitariste soliste, n'a pas attaché beaucoup
d'importance à son instrument. Il a bâti sa gloire dans le domaine de
la composition des chansons. C'est un talentueux parolier. Son
imagination fertile, sa poésie imagée et sa voix ont fait de lui l'un
des premiers parmi les créateurs des chansons modernes de notre pays,
avec une immense œuvre intarissable, accomplie en cinq décennies.
Œuvres et talents du chanteurs
Durant 62 ans, Wendo a réalisé de nombreuses œuvres musicales. Il
incarne toute une période de l'histoire musicale congolaise, si pas de
l'Afrique noire. Grâce à ses nombreuses chansons, il a plané sur tous
les univers de la vie musicale du pays : l'aisance, les amours, les
réussites, les maladies, les déboires, la mort, etc.
Les œuvres de Wendo sont généralement reposantes et se dansent du cœur
et des pieds; à travers lesquelles Wendo prêche la morale en prodiguant
de sages conseils à ses contemporains. Son message est captivant, car
sa chanson se veut être une histoire, une description, une peinture, un
tableau, une scène de la vie sociale et se termine par des conseils et
des conclusions éducatifs. Il a toujours un souci permanent de l'ordre,
de la justice et de la moralisation.
Un style propre qui apostrophe. Une poésie qui engage. Des mélodies
douces et même mélancoliques. Wendo critique aussi les tares de la
société. Il décrit, se révolte et finit par chercher des solutions et
exalte les bonnes manières.
En 1943, imitant Paul Kamba, Me Taureau Bateko crée avec Wendo,
Bongeli, Bape et Tango, l'orchestre Vastoria Kin qui s'appuie sur le
groupe de jeunes filles dénommé “ La reine politesse ”, dirigé par
Germaine Ngongolo, grande danseuse.
Grâce aux haut-parleurs de la radio Congolia, Wendo est découvert en
1946. En 1949, Wendo chante “Marie-Louise”, œuvre de Bowane, qui est à
la guitare chez Ngoma. Cette œuvre est le plus grand tube de l'histoire
de l'édition musicale naissante.
Cette chanson bénéficie d'une publicité involontaire de la part du
clergé. Marie-Louise, concubine de Bowane, décédée entre-temps,
réapparaît, dit-on, dans les bars de Léopoldville. Au cours d'un
prêche, un curé déclare que la chanson “Marie-Louise” est satanique, il
faut la bannir. Les fidèles doivent la censurer. Les autorités belges
altérées par cette rumeur tente d'arrêter Wendo qui s'enfuit à
Stanleyville.
Effet boomerang, les fidèles l'adoptent. Avec “Marie-Louise”, Wendo se
présente, dès lors, comme le porte-flambeau de la musique congolaise.
Son premier disque s'appelle “Mabele ya mama”, dédié à sa mère décédée
peu de temps avant. Il devint pour le grand public, le Duc de Windsor,
et par déformation “ Wendo Sor ”.
En 1955, Bukasa, D'Oliveira et Wendo, acteurs professionnels de la
musique congolaise, se groupent et montent l'orchestre “Trio Bow”.
Cette formation constitue un ensemble de trouveurs et inventeurs de la
chanson savante, dont l'œuvre forme dans son immensité un tout
représentatif d'un génie national, qui synthétise sans effort les
tendances de son temps en lui imprimant la marque d'une personnalité
multiforme.
Appartenant chacun à un groupe, les trois chanteurs-guitaristes se
retrouvaient en concert ou en studio pour exécuter à l'unisson des
mélodies dont le rythme épousait étroitement les accents de la rumba
pure.
Leurs œuvres célèbres furent “Sango ya bana Ngoma”, “Victoria apiki
dalapo”, “Bibi wangu Madeleine”, “Yoka biso ban'Angola”, “Landa bango”,
leur talent contribua au développement et au prestige de la firme
Ngoma.
Patriote et musicien de l'unité
Ancien batelier de l'Otraco, l'actuel Onatra, et de la Compagnie mbila,
huilerie Heb, Wendo parcourait constamment le pays en bateau. Il
interprétait les chansons de toutes les aires culturelles du pays. Dans
son œuvre, il chantait en langue kundo, sa langue maternelle, en
lingala et en swahili.
Il sélectionnait avec son imagination et ses connaissances, des
éléments hétérogènes d'origines culturelles diverses pour ses chansons,
de véritables échos musicaux de toutes les traditions.
Wendo est un animateur vivant des podiums et des scènes musicaux. Il
fait toujours danser les autres. Ce producteur de culture musicale
compte plus d'une centaine de titres composés entre 1943 et 1960, 1968
et 1969, dans African Fiesta de Rochereau Tabu Ley, qui l'a le premier
ressuscité après l'indépendance, puis entre 1999 et 2005.
Sa musique a servi toutes les générations de compositeurs congolais.
Elle a inspiré bon nombre de jeunes musiciens du pays. Cela est
d'autant plus vrai qu'entre 1947 et 1957, plusieurs pays africains
n'avaient ni orchestres modernes, ni maisons de disque, ni de marchés
de disque développés. Toute l'Afrique centrale a vécu sous l'emprise
des orchestres et des éditions musicales congolaises installées à
Léopoldville.
Les disques des musiciens congolais étaient distribués dans tous les
pays d'Afrique de l'Ouest et du centre, et étaient recherchés par les
admirateurs africains.
D'ailleurs, l'homme de culture Gilles Salla parlait souvent dans ses
émissions sur la radio Africa n°1 de l'antériorité de la culture
musicale congolaise, qui a eu des échos favorables en dehors de nos
frontières.
L'Afrique noire s'est reconnue à travers l'immense œuvre musicale
d'Antoine Wendo. Avec son esprit lucide, une fidélité à la culture
nationale jamais remise en cause, un don enrichi par une carrière
d'artiste toujours exigeant. Wendo reste l'incarnation d'une histoire
musicale riche et pleine des promesses.
Nos grands succès d'aujourd'hui, constituent une preuve tangible de
grandes victoires de l'époque des patriarches et pionniers de la
musique congolaise moderne qui sont : Antoine Bukasa, Manuel
D'Oliveira, Desaio Manoka, Adou Elenga, Kasongo, Paul Kamba, Antoine
Mundanda, Wendo Antoine, Jean Lompongo, Georges Dula, Yamba Yamba,
Bosele, etc., sont en droit de s'enorgueillir.
Le passé et l'avenir se rejoignent
Aujourd'hui, Wendo est le plus vieux musicien congolais, qui a du
succès, un succès foudroyant. A l'origine de son brusque succès, sa
double participation dans “ Mwana mpwo ”, dit “ Franc Congolais ” et la
chanson “ Tokufa po na Congo ”, qui n'excède même pas cinq minutes.
Wendo a usé de tout son talent de chanteur pour prouver aux mélomanes
et se prouver à lui-même qu'il n'est pas encore fini. En tant que
mouvement vivant et symbole d'une époque de notre musique, sa volonté
exprimée de servir la nation par les chansons précitées et les efforts
fournis ont mérité une sincère reconnaissance populaire.
Grâce au Masa et au producteur Christian Mousset, Wendo a encore
enregistré, d'abord la chanson “ Tokutani ”, qui signifie “ nous nous
sommes rencontrés ”, avec la doyenne de la chanson camerounaise Madame
Anne-Marie Nzié, la voix d'or de Yaoundé que récrée son magnifique Cd,
qui célèbre le “ Jubilé d'Or ” de Wendo. La thématique de cet album
brasse toutes les alluvions de la mémoire.
Le regard de Wendo porte sur la société, comme un miroir, reflétant ces
vérités qui prennent encore plus de poids à la lumière des respects
ancestraux : l'ancien, la femme, l'enfant et la famille.
Le Potentiel/MMC
Le père de la rumba congolaise, Papa Wendo, est mort
AFP
29 juil. 08 - 14h54
KINSHASA,
29 juil 2008 (AFP) - L'artiste-musicien, star de la rumba congolaise
Antoine Wendo Kolosoy, dit "Papa Wendo", est décédé lundi à Kinshasa à
l'âge de 82 ans des suites d'une longue maladie, a-t-on appris mardi
auprès de ses proches.
"Wendo Kolosoy est mort lundi à 17 heures (16H00 GMT) des suites d'une
longue maladie", a déclaré à l'AFP le président de l'ONG Artiste en
danger, Shaka Kongo, joint au téléphone.
Wendo Kolosoy avait été admis lundi aux soins intensifs à la Clinique
Ngaliema, après une crise liée à un "dysfonctionnement organique".
Considéré comme le père de la rumba congolaise, l'artiste s'en va en
laissant derrière lui une longue carrière musicale débutée dans les
années 50 et auréolée de célèbres oeuvres dont "Marie-Louise" qui,
enregistré l'année 1952 en 78 tours, a conquis les mélomanes tant
congolais qu'étrangers.
Cette chanson lui valu quelques problèmes avec l'église catholique qui "l'excommunia" un temps.
"Un baobab de la musique est mort", titrait mardi le quotidien congolais, Le Phare.
L'artiste au visage creusé et au profond regard, qui a longtemps voyagé
comme mécanicien sur les bateaux naviguant sur le fleuve Congo, est le
sujet d'un documentaire filmé en 2007 "On the Rumba river", de Jacques
Sarasin.