Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LAVOIXDUCONGO
4 novembre 2008

Guerre de l’Est : les tireurs des ficelles

A   qui profite la guerre de l’Est ? Interrogation pertinente au moment où   l’on se prépare à une nouvelle rencontre au sommet, au plan   régional, à Nairobi pour ramener la paix en République   démocratique du Congo. Si cette rencontre ne répond pas à   cette interrogation, elle est vouée à l’échec. Ce   serait continuer à tourner en rond et en dérision le peule congolais.

La Communauté internationale se penche à nouveau sur ce «   grand malade » qu’est le Congo pour lui administrer une nouvelle   thérapeutique. Attitude résultant de la troisième guerre   qui sévit actuellement dans le pays avec une situation humanitaire catastrophique.

Initiative encourageante mais qui risque de n’apporter aucune solution   durable tant que l’on n’ira pas au fond du problème. C’est-à-dire,   s’appesantir sur les causes profondes de toutes ces guerres à répétition.   En d’autres termes, dénicher les vrais commanditaires de ces crimes   ainsi que les vrais bénéficiaires. D’où la nécessité   de répondre à cette interrogation : A qui profite la guerre de   l’Est ?

Eluder cette question au moment où le CNDP amorce le morcellement du   territoire national sans qu’il soit condamné par la communauté   internationale, consisterait à se moquer merveilleusement du peuple congolais.   Ce serait exprimer du mépris envers la Nation congolaise pour mettre   à exécution un plan machiavélique qui a pour finalité   de consacrer l’inexistence de la Nation et de l’Etat congolais.

Sinon, comment expliquer que le Dialogue intercongolais, la période   de transition avec la fameuse formule 1 + 4, l’organisation des élections,   la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’Accord   de Washington, Tripartite plus 1, l’Accord de Nairobi, la Conférence   de Goma n’aient pas pu ramener la paix en République démocratique   du Congo ? Les Congolais seraient-ils incapables de comprendre le langage de   la paix, de la sécurité et du développement ?

Aujourd’hui, l’on est à la case départ avec les mêmes   acteurs, les mêmes financiers comme ce fut lors de la signature de l’Accord   de Lusaka. Le Kivu, toujours à l’Est, est à feu et à   sang et Rutshuru échappe au contrôle de Kinshasa. C’est qu’il   y a anguille sous roche. Que l’on continue à tourner autour du pot   en évitant d’aborder les vraies questions de fond.

L’EXISTENCE D’UN COMPLOT

Eviter d’aborder les questions de fond demeure une preuve irréfutable   de l’existence d’un complot. Un vaste complot, comme déjà   souligné dans l’une de nos dernières livraisons, qui soit   à la fois interne et externe.

Interne, de par l’existence des « Faucons » congolais. Les   va-t-en guerre qui ont toujours adopté des positions radicales dans le   but de soutenir une option militaire. Mais en réalité, ils visent   les prébendes de cette guerre en s’enrichissant illicitement avec   le sang des autres. Ces constructions insolentes que l’on observe dans   la capitale et certains chefs-lieux de province constituent l’une des faces   à découvert de l’iceberg. A en croire quelques rumeurs, la   guerre coûterait mensuellement 8 millions de dollars à l’Etat   congolais. Une somme à ne pas justifier puisque classée dans la   rubrique des « efforts de guerre et dépenses de souveraineté   ». Ces extrémistes, tant qu’ils exerceront une influence sur   la prise de décisions à quelque niveau du sommet de l’Etat   que ce soit, ne favoriseront jamais une attitude flexible pour un compromis   politique. La guerre pour eux demeure un fonds de commerce à entretenir   par tous les moyens.

La même catégorie de « Faucons » se retrouve également   dans les pays voisins qui ont reçu « mandat » d’agresser   la République démocratique du Congo, si pas les régimes   en place. Ils doivent leur existence de par la continuité de cette guerre.   Effectivement, les Interahamwe ont servi de prétexte pour pousser ces   pays voisins sur le sentier de la guerre, oubliant qu’ils étaient   en train d’exporter leur idéologie de violence interethnique dans   les territoires voisins. Obnubilés par ce pouvoir de domination, d’étendre   des territoires géographiques, ils ont opté de bâtir leur   pyramide de pouvoir sur l’argent et le fusil. Raison pour laquelle ils   se sont acharnés à se constituer des « solides économies   de guerre » pour mieux entretenir leur pouvoir, alors que leurs fonds   propres ne peuvent permettre ce genre d’aventure militariste.

Une nouvelle classe de dirigeants est en train d’émerger dans ces   pays grâce aux trafics illicites des matières premières   et des armes. Les mutations qui s’opèrent dans ces pays limitrophes   sur le plan social ne sont nullement synonymes de « bonne gouvernance   », mais bel et bien découlant du butin de la guerre.

Mais au-dessus de tous ces faucons tant en République démocratique   du Congo que dans les pays voisins, les multinationales, jusqu’ici anglo-saxonnes,   tirent les ficelles dans l’ombre. Elles passent pour les vraies commanditaires   de toutes ces guerres tant elles organisent tout et pèsent de tout leurs   poids financiers sur la politique étrangère de leurs pays. Ce   sont elles qui donnent les gros moyens financiers à leurs gouvernements   pour exécuter leur politique sociale et monétaire. La preuve la   plus irréfutable est cette crise financière internationale qui   vient de secouer sérieusement le monde occidental avec la désarticulation   du système bancaire. Conscients de la fragilité de leurs régimes,   les gouvernements occidentaux se sont solidarisés pour soutenir les banques   privées. Du jamais vu dans un régime capitaliste, plutôt   que de les sanctionner à cause de leur faillite.

Cette crise est bel et bien une lumière pour comprendre les causes cachées   de la guerre à l’Est. Notamment au Kivu, région riche avec   la province Orientale, à l’image de l’Afghanistan à   cause de la mer Gaspienne pour son gaz, l’Irak avec son pétrole.   La RDC recèle du pétrole, du diamant, du gaz, de l’or, du   bois, du nobium, du coltan, etc.

Donc des multinationales qui ne reculent devant aucun sacrifice, sont sans   état d’âme et disposent des « pions majeurs »   au sein des gouvernements occidentaux, dans des institutions internationales   pour servir leurs causes et leurs intérêts, orienter les grandes   décisions au niveau du Conseil de sécurité des Nations   unies. La faiblesse des missions de paix de l’Onu tant en Angola, au Rwanda,   en Bosnie Herzégovine, qu’en Somalie, et maintenant en République   démocratique du Congo n’est point un fait au hasard. Ce sont des   échecs voulus, programmés et qui profitent à tous ces commanditaires   pour qu’ils prennent le contrôle des gouvernements et les richesses   de leurs pays, érigent des « Etats nains » à travers   le monde pour le même objectif.

LE DERNIER MOT AUX CONGOLAIS

L’heure est grave. La Nation congolaise est réellement en danger.   Il appartient aux Congolais de mieux saisir ce complot et de l’éventrer.   Nairobi I, II, III ou IV n’apporteront rien de positif si les Congolais   ne se rendent pas compte que parmi les bénéficiaires de ce guerres,   certains compatriotes en mal de gloire et cupides trahissent leur pays. Ce sont   des traîtres, des complices, des loups dans la bergerie. Que des voisins   ne cherchent qu’à affaiblir ce «géant » de l’Afrique   dans cette lutte de leadership dans la région pour l’assujettir.   Ils sont soutenus dans cette entreprise machiavélique par des multinationales   qui ne voient que leurs intérêts économiques et financiers.   Et que, par contre, des millions de morts qu’affiche déjà   la RDC ne sont que des « faits divers » à leurs yeux.

Le problème fondamental pour restaurer la paix, la sécurité   et le développement de la RDC et de la région des Grands Lacs,   consiste à décourager tous ces vrais bénéficiaires   de cette guerre de l’Est. C’est le combat permanent que doit livrer   le peuple congolais qui ne peut plus se permettre ce « geste suicidaire   » de se tromper de cibles. Il n’a pas de choix et doit poser le problème   en ces termes s’il tient à la survie de son espèce dans cette   planète, à l’existence de l’Etat et de la Nation Congo.

«Il faut que l’élite congolaise soit élargie à   l’ensemble de la classe dirigeante. Depuis pratiquement 20 ans, la RDC   n’a plus d’armée. Celle-ci a beaucoup plus de figurants portant   des galons. Or l’armée, c’est la colonne vertébrale   d’un pouvoir. Je vous ai parlé de ces puissances présentes   en Afrique centrale, précisément au Congo. Je vous ai dit que   l’Est du Congo est devenu une zone d’influence anglo-américano-sud-africaine.   Le monde anglo-saxon qui gère ces pays-là a trouvé une   porte d’entrée avec comme tête de pont le Rwanda et l’Ouganda.   Il a armé le Rwanda et l’a poussé à attaquer le Congo.   Dès la première invasion en 1997, on savait comment cela a été   financé. Le Rwanda n’a pas un budget pour lancer une guerre au Congo.   Au début, cette guerre était financée par ces puissances   extérieures. Aujourd’hui, la guerre est financée par les   produits de vente des ressources minières que le Rwanda exploite au Congo.   La présence des Banyarwanda dans l’armée, des gens qui ont   toujours le cordon ombilical avec le Rwanda fait que ce pays est toujours bien   informé de tout ce qui se fait au Congo. Dans mon livre, je fais voir   comment les armées de la région ont évolué au cours   de ces dernières années. J’ai été dans ces   pays-là, j’ai discuté avec les ambassadeurs dont certains   me révélaient que l’armée de tel ou tel autre pays   vient d’acquérir des chars de combats et autres auto-blindés.   Mais avec quel argent ? Pour quel objectif ? Sachant très bien que l’agresseur   se trouve en face d’un géant aux pieds d’argile – et la   chute de Kisangani a été cette grande révélation.   On avait compris qu’il n’y avait rien devant. Et jusqu’ici, il   n’y a toujours rien. Tous les efforts consentis pour avoir une armée   sont faits avec ou par le Rwanda ou annihilés par celui-ci. Ceux qui   sont derrière ce pays sont aussi ceux qui devant les Congolais plaident   pour le mixage afin de monter une armée congolaise. Depuis quand reconstruit-on   une armée avec les anciens rebelles ? Nous sommes déjà   mal partis de ce côté-là».

Kinshasa, 3/11/2008 (LP/MCN, via mediacongo.net)

Publicité
Publicité
Commentaires
LAVOIXDUCONGO
Publicité
Derniers commentaires
Publicité