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LAVOIXDUCONGO
14 décembre 2007

Congolais, cessons d'être naïfs........TUSTI ??? NKUNDA??

FORUM & ANALYSE

La guerre du Nord-Kivu et les autres guerres contemporaines. Congolais, cessons d'être naïfs, devenons collectivement sages et intelligents!

Par  Le Potentiel

MISE EN ROUTE

Les quelques naïfs que le Congo comptent encore parmi ses filles et ses fils doivent s'être étonnés en en apprenant ce matin (11 novembre) que les soldats insurgés ralliés à Laurent Nkunda ont repris Mushake et certaines autres localités environnantes. Ceci se passe après que Joseph Kabila ait eu le temps de parler au Parlement, après qu'il ait boycotté les rencontres d'Addis-Abeba et de Lisbonne. Ses mentors ont justifié ces absences en arguant que "le garant de la nation" était concentré sur la situation critique à l'Est du pays. La question qui pourrait se poser après la chute de Mushake et des localités environnantes seraient de savoir à quoi aurait servi "cette concentration".

Les quelques naïfs que le Congo comptent encore sont soit les fanatiques du "raïs" ayant rompu avec tout pouvoir de penser froidement le rôle de la guerre dans les économies contemporaines, soit des "journalistes coupagistes" en quête des signes extérieurs de la richesse, soit ces techniciens du savoir vendant leur intelligence à vil prix en concoctant des idéologies destinées à garder le plus longtemps possible nos populations en marge des luttes réelles d'autodétermination et de souveraineté.

Les faits historiques ont déjà balayé les raisons évoquées par les seigneurs de la guerre pour justifier la guerre de Nkunda, Kabila et Kagame. Les analystes politiques et philosophiques du Congo savent que la guerre est un moyen utilisé aujourd'hui par les multinationales pour s'approprier les richesses des pays que "les petites mains du capital" jugent indignes d'en jouir. Rappelons avec Michel Collon que "par rapport au tiers-monde, les multinationales poursuivent trois objectifs: 1. Contrôler les matières premières. 2. Contrôler les mains-d'œuvre qualifiées et bon marché. 3. Dominer les marchés pour vendre leurs produits."

Dans ce contexte, les guerres sont "une simple tactique commerciale. Il s'agit d'imposer aux pays récalcitrants (présentement ou par leur histoire) que leurs richesses soient placées sous le contrôle de telle ou telle multinationale.

Ce qui implique de dominer la vie économique et politique de ce pays."( M. COLLON, Bush le cyclone, Bruxelles, Oser dire, 2005, p.18) Les occidentaux (et leurs supplétifs) cyniques et thanatophiles n'ont rien à voir avec la morale et l'éthique. Ils ont fait de l'argent leur dieu et un point. Pour eux, tous les moyens sont bons pour le célébrer.

Mais quel est le but de ce "jeu"? "Le but fondamental du "jeu", c'est de transformer le pays conquis en terre de profits." (Ibidem, p.18) La domination de la vie économique et politique du pays conquis réussit là où les supplétifs de l'ordre néolibéral sont aux commandes du pouvoir politique. Tel est le cas des pays de Grands

Lacs où trônent Museveni, Kagame et Kabila. Ces supplétifs ne peuvent réussir leur tâche -favoriser la domination de la vie économique et politique du pays- qu'en luttant de toutes leurs forces contre toute velléité de l'instauration du principe démocratique exigeant la participation de différentes couches de nos populations aux décisions engageant le devenir commun par le débat. Ils s'allient les forces armées et les forces de sécurité. Ils créent des majorités des laudateurs au Parlement et prononcent de temps à autre des discours à ces assemblées du peuple transformées en simple caisse de résonance des conquêtes néolibérales. Les médias "coupagistes" se chargent de diffuser "la bonne parole" de l'avilissement des peuples dépossédés de leurs richesses par des cyniques multinationales avec la complicité des hommes et femmes liges au pouvoir.

"UN JEU" SANS AVENIR ?

La percée économique de la Chine en Afrique a forcé l'Europe à reconnaître (à Lisbonne), théoriquement, que ses relations postcoloniales avec l'Afrique ont été profondément paternalistes.

Elle n'est pas rentrée dans les détails pour dire comment ce paternalisme a poussé sur un terrain où les dictateurs qu'elle a soutenus lui ont permis de continuer de faire main basse sur les richesses de notre continent avec la complicité de ses multinationales. Sur ce point, la lecture d'Eva Joly est recommandable aux filles et fils de notre peuple qui voudront prendre "les maîtres du monde" à leur propre jeu demain.

"L'enquête Elf a montré une interconnexion régulière entre les comptes occultes des dirigeants de l'entreprise pétrolière et les comptes des chefs de guerre rivaux en Angola ou au Congo-Brazzaville. La caisse noire présumée servait indistinctement aux uns et aux autres. L'instruction de l'Angolagate semble marcher sur les mêmes brisées, révélant des relations étonnamment étroites entre personnalités françaises, financiers russes et despotes africains." (E. JOLY, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre?, Paris, les Arènes, 2003, 226-227)

Si nous voulons, nous africains et congolais, que ce "jeu" soit sans avenir, nous devrions apprendre à lire derrière "les doctrines des bonnes intentions" et dénicher le mode opératoire de ceux qui, depuis la nuit des temps, croient qu'ils sont "les têtes pensantes du monde". Dénicher le mode opératoire ne serait pas suffisant si nous n'en proposons pas un ou plusieurs d'alternatif. Car souvent, nous nous limitons aux épiphénomènes.

Revenons au cas du Congo dit démocratique. La concentration de l'attention des Congolais sur la guerre de Nkunda-Kabila-Kagame risque de nous distraire. Nous risquons de ne pas poser des questions pertinentes sur ce que cache cette guerre: un système de prédation et de corruption où les autorités politiques congolaises actuelles sont des acteurs ou majeurs ou secondaires.

L'attention accordée à la guerre risque de relayer au dernier plan les comptes que Joseph Kabila et le gouvernement Gizenga doivent rendre sur la gestion du dossier des contrats léonins, sur la guerre de Kinshasa, sur Kahemba, sur le détournement des fonds destinés à la Commission nationale pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion (CONADER), etc.

En effet, il y a interconnexion à dénicher entre la guerre de l'Est, les contrats léonins, Kahemba, la guerre de Kinshasa du mois de mars et le détournement des fonds destinés à la CONADER. Notre article intitulé Washington et la guerre à l'Est (du Congo) est suffisamment clair sur le soutien dont bénéficie Nkunda et Kagame de la part de certaines multinationales opérant à partir du Rwanda et de certains pays occidentaux.

L'implication des gouvernants congolais (et autres seigneurs de guerre) d'hier dans la signature des contrats léonins et dans les entreprises qui en ont bénéficié leur a permis d'avoir accès aux sommes d'argent que certains d'entre eux ont utilisées pour corrompre et acheter les consciences au premier tour des élections au Congo. Ce faisant, ils ont noué des alliances pour lesquelles l'application du principe démocratique constitue une menace. Les documents historiques existent et témoignent à ce sujet. Avant ces élections, il y aurait eu un détournement de 100 millions de dollars destinés à la CONADER avec la complicité de Paul Wolfowitz, ex- président de la Banque mondiale. Et Joseph Kabila est cité dans ce dossier.

Comment expliquer que "le faiseur de paix" au Congo soit impliqué dans le détournement de l'argent destiné à l'une des opérations destinées au désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion des éléments armés semant la désolation au sein de nos populations et cela avec la bénédiction d'une institution financière dite internationale? N'est-ce pas là une preuve supplémentaire attestant que la guerre est une simple tactique commerciale? Cela d'autant plus que la Banque mondiale aurait reconnu avoir financé l'une des entreprises ayant signé des contrats léonins avec le Congo?

En effet, "en réponse aux allégations de corruption dans trois projets, l'INT a mis en place une mission d'enquête pour la République démocratique du Congo (DRC) en mars 2006. Parmi les allégations figuraient des détournements de fonds de la Commission nationale pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion (CONADER), l'agence correspondante choisie pour mettre en œuvre le Projet de Démobilisation et Réinsertion d'urgence de 100 millions de $, l'un des opérations suspectes." Pour confirmer ou infirmer ces allégations, " en mai 2006, la commission d'enquête avait rendu un rapport complexe à Mme Folsom résumant les découvertes d'enquêtes multiples et se concentrant sur Finda Koroma, un compagnon du Président Kabila et Président de FK Consulting. D'après les personnes interviewées par le GAP, le rapport contenait la preuve irréfutable de corruption de la part de Kabila et Koroma impliquant le projet de démobilisation et deux autres projets sociaux."Informé de cette découverte, "le bureau du Président mis la pression sur les enquêteurs qui auraient entrepris la mission en mars. Les sources du GAP affirment que Joseph Kabila fit pression sur Paul Wolfowitz personnellement pour faire supprimer le rapport. Sur instruction du bureau de Wolfowitz, Mme Folsom demanda d'avoir les mémos des enquêteurs, leur disant qu'ils devaient défendre leur décision d'interroger Finda Koroma et affirmer que l'interrogatoire de Koroma avait été conduite avec respect." (Ce texte est une traduction française de la page 26 du rapport intitulé Review of the department of institutional integrity at Word Bank. Goverment Accoutability Project. Washington, D.C., September 5, 2007)

Nous avons là un exemple d'un réseau maffieux qui se serait servi de la guerre au Congo comme d'un fonds de commerce enrichissant "les amis". Ses ramifications iraient jusqu'en Angola. Le rapport de la mission de l'ONU sur la guerre de Kinshasa du 22 et 23 mars 2007 vient de soutenir que les soldats angolais sont intervenus aux côtés des FARDC et de la Garde (dite) Républicaine dans "un usage irréfléchi" de la force face à la garde de Jean-Pierre Bemba. (Nous y reviendrons dans une prochaine étude.) Que Kahemba serve de prix à payer aux "amis" se passe de plus en plus de commentaire.

QUE FAIRE?

Si nous avions un Parlement "responsable", il traiterait de la guerre à l'Est de notre pays en allant à ses soubassements. La guerre et ses multiples conséquences désastreuses seraient considérées comme un épiphénomène à ne pas négliger.

Néanmoins, la quête patiente du démantèlement des réseaux maffieux dont les membres essaiment les institutions de la troisième République au Congo serait l'objectif premier des études approfondies sur tous les dossiers établis par les différents rapports sur les contrats léonins et les autres pillages de nos ressources du sol et du sous-sol. Cela exigerait le dépassement de la navigation à vue, des sessions parlementaires urgées par les questions ponctuelles.

Le Parlement créerait des commissions mixtes permanentes à cet effet. Ces commissions auraient un même nombre de députés de l'opposition et de la majorité présidentielle. Elles deviendraient les lieux de dépassement du fanatisme pour un apprentissage en commun d'une recherche suivie des réponses justes aux questions essentielles que pose la fabrication de notre destinée commune.

Le Parlement actuel peut-il se risquer sur cette voie? Tel serait notre souhait. Hélas! C'est difficile. L'existence d'une police politique chargée de tirer sur tout ce qui bouge et d'assurer la quiétude des réseaux maffieux susmentionnés ne facilite pas les choses. La peur de la précarité n'est pas de nature à inspirer à nos députés l'esprit de sacrifice.

De toutes les façons, l'une des solutions salutaires envisageables serait de débarrasser l'Afrique des Grands Lacs des supplétifs de l'ordre néolibéral en impliquant les populations dans la compréhension du mode de fonctionnement du système maffieux congolo-international de corruption et de ses multiples connexions destructrices du bonheur collectif partagé.

La société civile et les églises plus particulièrement s'adonneraient à cette tâche. Mais la quête des signes extérieurs du pouvoir et de la richesse facile n'épargne pas les églises et leurs pasteurs.

Ceci est finalement une tâche idéalistes des ascètes du provisoire congolais, "ces morts en sursis" qui, par-delà leurs multiples appartenances politiques ou confessionnelles, à la suite de Hugo Chavez célébrant récemment la naissance de la Banque du Sud à Buenos Aires, se disent au quotidien: " Nous ne devons rien attendre sinon de nous mêmes".

J.-P. Mbelu

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