Les raisons profondes de la démission de Gizenga jeudi !
Le gouvernement était fortement critiqué par l’Assemblée nationale notamment pour n’avoir pas déposé le projet de loi budgétaire pour l’exercice 2009 dans le délai prescrit par la Constitution. Le Premier ministre Antoine Gizenga a remis jeudi matin sa lettre de démission au Président de la République. Pourtant le gouvernement était attendu vednredi à l’Assemblée nationale dans le cadre de la session ordinaire de septembre consacrée à l’examen du budget 2009.
Fortement critiqué par l’Assemblée nationale, notamment pour n’avoir pas déposé le projet de loi budgétaire pour l’exercice 2009 dans le délai prescrit par la Constitution, les députés attendaient le chef du gouvernement de pied ferme avec des motions de défiance et de censure. Pour l’heure, Gizenga va expédier les affaires courantes jusqu’à ce que le Président de la République prenne acte de sa démission. Antoine Gizenga démissionne au moment où le pays est secoué par plusieurs problèmes, notamment la reprise de la guerre dans les Kivu et la montée de la grogne sociale.
L’Assemblée nationale s’attendait à interpeller le gouvernement
Le Président de l’Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, a annoncé, hier jeudi, l’interpellation prochaine du Premier ministre Antoine Gizenga devant son institution, déclarant notamment que « la période d’observation est finie ». S’exprimant le mercredi dernier à l’émission Dialogue entre Congolais de Radio Okapi, le président de l’Assemblée nationale avait annoncé que son institution attendait interpeller le chef du gouvernement au sujet de ces questions. Et si les explications ne s’avéraient pas convaincantes, disait Vital Kamerhe, cette interpellation pourrait aboutir à la « chute du gouvernement ».
« Nous disons, depuis la rentrée parlementaire, que cette période d’observation est finie, et nous passons à l’interpellation du Premier ministre », a déclaré le président de l’Assemblée nationale. « On doit donc, au nom du peuple congolais, poser la question de savoir comment résoudre l’épineuse question de l’Est du pays, comment résoudre le problème du malaise social », a-t-il poursuivi. Et pour Vital Kamerhre, cette interpellation peut déboucher sur la chute du gouvernement si les explications du Premier ministre ne sont pas convaincantes.
« Il ne faut pas prédire d’avance. Cela doit faire l’objet d’un processus: Le droit de la défense est sacré, et les députés doivent être attentifs pour reconnaître qu’à l’impossible, nul n’est tenu », a néanmoins relevé l’invité du Dialogue entre Congolais. Et d’insister : « Mais, si nous nous rendons compte que c’est à la suite de la distraction ou de l’immobilisme effectivement, ou du manque d’imagination que le gouvernement n’arrive pas à répondre aux attentes de la population, là, nous allons prendre nos responsabilités ».
Gizenga part la tête haute
Mercredi dernier, à l’issue d’une mission d’évaluation de 18 jours à Kinshasa, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) a jugé « satisfaisante » l’exécution du programme économique 2008 par le gouvernement. Elle a noté une « forte performance » des recettes qui a facilité la réduction des emprunts auprès des banques. La mission a, en outre, noté une politique monétaire « encourageante » qui a aidé à « contenir le taux d’inflation à 24% en glissement annuel à la fin août face à l’augmentation des prix des produits pétroliers et alimentaires. M. Gizenga a demandé aux Congolais de tenir bon d’avancer avec détermination » pour relever les défis de la reconstruction d’un pays ravagé par les guerres.
Du parcours du Patriarche
Proche de Patrice Lumumba, chef du Parti solidaire africain, Gizenga a été Vice-Premier ministre en 1960 et 1961 et Premier ministre de la rébellion en 1961. Son gouvernement à Stanleyville (Kisangani actuelle) a été reconnu par 21 pays d’Afrique,d’Asie, et d’Europe de l’Est en février 1961. Il a été emprisonné à Bula-Mbemba de janvier 1962 à juillet 1964, il sera libéré après que les membres du MNC/L avec à leur tête Antoine Kiwewa exigent sa : libération. Déjà, le 25 septembre 1962, le Sénat avait défié Kasa-Vubu en votant une résolution qui exigeait la libération immédiate d’Antoine Gizenga. Le même jour, une manifestation conjointe MNC/L et PSA est organisée pour la libération de Gizenga. Le pouvoir réagit fermement: sept députés lumumbistes sont mis aux arrêts le 29 septembre. La mise en congé du Parlement est applaudie par toute la presse. C’est la même réaction au niveau des syndicats importants: UTC, FGTK, CSLO et la redoutable Union générale des étudiants congolais (UGEC), mais qui exigent aussi l’extension de la mesure au gouvernement taxé d’incompétent et de corrompu.
A l’opposé, les partis politiques de l’opposition lumumbiste, majoritaires au Parlement, vont déterrer la hache de guerre. Ils se réunissent du 29 septembre au 3 octobre. Ils vont créer à Léopoldville le Conseil national de libération (CNL) le 3 octobre. Le CNL vise à s’opposer aux mesures prises le 29 septembre et à renverser le gouvernement Adoula. Le CNL, qui sera à la base de la terrible rébellion muleliste, va conquérir durant l’année 1964 les trois-quarts du pays. Et se divisera en deux blocs: le MNL/Gbenye avec Soumialot, Laurent-Désiré Kabila ; et le MNL/Bocheley avec Gizenga, Pauline Lumumba, Pierre Mulele, Lubaya.
A peine Gizenga sortait-il de la prison de Bula-Mbemba, qu’il créa le Palu le 24 août 1964. Ce en dépit du refus obstiné d’autres dirigeants lumubistes, en l’occurrence, ceux du MNC dont Antoine Kiwewa et Alexandre Mahamba. Pour ces derniers, seul le congrès de chaque parti se devrait de saborder le MNC et le PSA, afin d’une refonte d’un grand parti des masses, tel avait été le souhait de Patrice Lumumba. Il a vécu en exil de 1965 à 1992. Il fonde, durant sont exil, les Forces démocratiques pour la libération du Congo (FODELICO).
En 2006, il se présente à l’élection présidentielle congolaise de juillet, comme candidat du PALU. Ayant obtenu 13,06% des votes au premier tour, il est troisième de l’élection et devrait être l’arbitre du second tour entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. Il est arrivé en tête dans sa province natale, le Bandundu. Le samedi 30 septembre, il avait signé à Kinshasa un accord de coalition qui viserait à faire élire le Président Joseph Kabila au second tour des élections présidentielles prévues pour le 29 octobre.
L’accord prévoirait aussi l’attribution du poste de Premier ministre à un membre du Parti Lumumbiste Unifié d’Antoine Gizenga. Pourtant, des proches de Gizenga démentent même après les élections ce genre de manoeuvre. Le 30 décembre 2006, il est nommé Premier ministre par le Président Joseph Kabila. Il prend la tête du nouveau gouvernement du pays le 5 février 2007, comprenant 59 membres.
(TH/PKF)
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