Point chaud : Obasanjo reconnaît la République de Nkunda !
Une erreur de protocole peut conduire à des incidents diplomatiques. Cela traduit toute l’importance que revêt le protocole dans les relations entre Etats. Obasanjo qui a été Chef d’Etat sait ce que c’est. Nous avions vécu la mort dans l’âme, l’accueil de M’Zée Laurent Désiré Kabila par le président Jaques Chirac à Paris. Pour cause que M’zée était un président autoproclamé, le président français s’est contenté de lui serrer la main alors qu’il faisait une accolade fraternelle à Bongo, Sassou et autres. Pour les Congolais qui appréciaient à juste titre la voie qui avait conduit M’Zée au pouvoir, le geste de Chirac était seulement lisible. Obasanjo est peut-être un ami de Nkundabatware ou un sympathisant du Cndp, mais, il ne s’est pas trouvé au Nord Kivu au nom de leur amitié. Il est venu au Congo en émissaire du secrétaire général de l’Onu.
Nous n’avions pas besoin qu’il étale au grand jour sa sympathie pour le Cndp, même s’il est venu faire la volonté de certaines puissances qui appuient le Cndp. Nous pensons et nous sommes certains que le jour ou l’ancien président nigérian sera chargé de faire les bons offices entre Kigali et les Fdlr, il ne passera pas les troupes de ce mouvement en revue et n’embrassera pas le chef des Fdlr comme il le ferait pour un responsable recommandable.
Obasanjo s’est comporté comme s’il se trouverait dans un Etat souverain au point de passer les troupes rebelles en revue. Pour, lui, Nkundabatware n’est pas un rebelle, mais un chef d’Etat qui avait droit à une chaude et longue accolade. Les deux hommes se sont comportés comme s’ils se connaissaient de longue date. Ou Obasanjo et Nkundabatware se seraient longuement entretenus au téléphone et ont sympathisé avant de se rencontrer, ou l’ancien chef de l’Etat nigérian traduisait par procuration toutes les amitiés de ceux qui l’ont mandaté en Rdc.
Dès le moment ou l’émissaire de l’Onu a démontré dans quelle position il est allé voir Nkundabatware, on ne pouvait s’attendre à des résultats prometteurs. En effet, la rencontre entre l’émissaire de l’Onu et le chef du Cndp n’a produit que ce scandale de la reconnaissance de la république de Nkunda. Ces entretiens ont accouché d’une petite souris. On se demande bien pourquoi.
Comment un homme de la trempe de Obasanjo, venant d’un pays qui a connu la guerre de Biafra peut-il se comporter ainsi vis-à-vis d’un chef rebelle ? L’armée que Obasanjo a passée en revue et qui lui a rendu les honneurs est dirigée par Bosco Ntangada, recherché par la Cpi pour des crimes commis en Ituri. En quoi tient cette tolérance des crimes commis par Nkundabatware et autres, alors qu’on s’est montré sans pitié pour JP Bemba ? Ne fut ce que pour les derniers massacres de Kiwanja, Obasanjo devrait avoir une attitude réservée face au Cndp et à son chef. Lorsque Obasanjo déclare que c’est maintenant qu’il connaît Nkunda et sur le champ il lui fait confiance, cela ne peut que nous laisser dubitatif. Il y a une part de mauvaise foi lorsqu’on sait que Obasanjo a été à des négociations politiques inter congolaises à Sun City.
Si notre mémoire ne nous trahit pas, il aurait même assuré la direction de la commission politique lors de ces travaux. Il serait le premier à débouter le Cndp dans ses revendications actuelles. Qu’il ne l’ait pas fait pour le besoin de la cause, qui peut croire encore à son action ?
(Milor)
Joachim Diana G./L’Avenir