RDCongo : UNE DÉMOCRATIE SANS OPPOSITION NI SÉPARATION DES POUVOIRS
Par Amba Wetshi CongoIndépendant Le bras de fer Kabila-Kamerhe a connu un début de dénouement lundi 16 mars à l’occasion de la rentrée parlementaire. Comme il fallait s’y attendre, les députés étiquetés AMP - estimés à plus ou moins 260 – étaient absents à l’appel. Et ce, conformément au mot d’ordre de boycott lancé dans la déclaration politique publiée la veille par l’Alliance de la majorité présidentielle. Peut-on parler de partenariat en l’absence d’égalité entre les parties ? Premier enseignement. La confirmation est ainsi faite que l’Alliance de la majorité présidentielle n’a jamais été qu’une «armée» de politiciens mus non pas par le "service public" mais par les intérêts d’une oligarchie affairiste et maffieuse. Cette armée est commandée par un seul "général" : Joseph Kabila. Tous les autres alliés ou partenaires n’ont jamais été que des «caporaux». Le PPRD qui est la principale composante de l’AMP vient de démontrer qu’il fonctionne comme un parti stalinien. La «discipline du parti» et l’unanimisme tiennent lieu de lois. Toute forme de contradiction doit être écrasée. L’arrestation des militants des droits de l’homme témoigne de la brutalité et de la tendance fascisante du pouvoir kabiliste. En se soumettant à l’injonction de «l’autorité morale» de l’AMP, Antoine Gizenga du Palu et Nzanga Mobutu de l’Udemo ont perdu le semblant de "souveraineté " qu’ils pouvaient revendiquer. Ils ont scellé un lien de subordination entre eux et le «raïs». Ils doivent se préparer à subir un jour la rigueur de la "discipline" . En brillant par son absence à une manifestation républicaine, le Premier ministre Adolphe Muzito a réussi à brouiller gravement l’image du chef du gouvernement. Ce chef du gouvernement décrit dans la Constitution comme étant l’homme qui conduit la politique de la nation et non celle d’un parti ou d’un groupe des partis. L’absence du procureur général de la République et celle du premier président de la Cour suprême de Justice posent la question de l’indépendance du Pouvoir judiciaire. A tort ou à raison, ces deux hauts magistrats ont laissé l’impression que l’appareil judiciaire n’a jamais été qu’un appendice de la Présidence de la République. Quel genre de régime politique tente-t-on d’instaurer au Congo-Kinshasa ? Est-ce une «démocratie» affublée d’une opposition factice à l’image de l’Angola de José Edouardo dos Santos, de l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni ou du Rwanda de Paul Kagame? Si tel est le cas, on assiste donc à une tentative de restauration de la dictature et du parti unique. B. Amba Wetshi |